Un Site de Thorn
Peintures à l’huile sur le thème de la réincarnation

Paysage de Ligeia – « rêve lucide »
Dans un ciel tourmenté, le disque placentaire nourrit un embryon de montagne. De ces cocons gazeux naîtront petit à petit, des structures de condensation autour de multiples sources de protomatiere.
Autour, dans les zones d’accrétion, la matière afflue vers les puits centraux qui grossissent inexorablement. Le son se modifie lui aussi. Sa substance confuse grossit, se plisse, se mélange. Elle corrode la roche et y creuse son champ, disputant l’espace à son environnement immédiat, le vidant de sa matière primordiale ou l’agglutinant en constructions fugaces.

Paysage de Ligeia – « errant dans mes solitudes »
Il n’y a qu’un ailleurs sous ce ciel éloigné : dans une immensité d’Univers encore inconnue de l’humanité, un nuage de poussière s’effondre sur lui-même. Il se fragmente sous l’impulsion de mille vortex en croissance qui forment chacun le noyau d’un futur monde.
De ces tourbillons planétaires, un peu de matière, de petites condensations embuées de roches, de glaces, et de gaz sont expulsées violemment puis reprises par les marées de champs électromagnétiques en structures changeantes qui ressemblent aux vestiges de palais disparus.

expérience de pensée 3 – « émergence de consciences »
De l’aube s’élève une vapeur bleuâtre au carrefour des abysses, que les marées du souffle primordial émiettent dans les écumes flétries. De cette fontaine de roches émergent des âmes qui entrent en pleine possession de toutes les synchronies de l’Univers. Cette multitude de proto-consciences inaugure des formes de son futur. Chaque âme est un bourgeon ultime des veines d’énergie parcourant Ligeia ε Ori.

état de conscience 4 – « jardin de la Clarté parfaite »
Ligeia est, comme sa sœur jumelle éloignée que nous habitons, une planète de réincarnation. Elle orbite autour d’Epsilon Orionis, une des plus brillantes étoiles de la constellation d’Orion. Les perturbations considérables dans la biosphère de Ligeia ε Ori sont dues à l’effet conjugué de l’instabilité de son étoile, aux variations de sa brillance, et aux effets d’une orbite très elliptique de la planète.

état de conscience 5 – « turbulences dans les chambres profondes »
Lorsque nous serons devenus une onde immatérielle, un pur frémissement transparent, nous pénétrerons au cœur de l’infiniment petit, au sein des espaces d’énergie. Partis de notre tombeau dans l’infini, nous volerons tout à coup plus vite que la lumière à la rencontre de la limite qui n’existe pas.
Bientôt ne resta plus de notre ciel que le soleil, étoile parmi les étoiles. Nous passerons comme un éclair entre les astres d’un vol si rapide qu’ils ne prendra qu’un instant pour que nous les entrevoyions. Des mondes entiers, s’épanouiront successivement devant nous pour se resserrer derrière nous. A peine surgiront ils de la grandeur de nébuleuses, inclinant qu’ils se fondront en infimes horizons comme un vaisseau qui sombre. Tout ne fera que surgir, flotter et disparaître,
jusqu’à ce que la nuit s’évanouisse dans l’énergie Universelle.

état de conscience – « magnifiquement seul »
C’est la conscience qui constitue l’essence même de l’Univers. Elle est en même temps ce qui n’a ni forme, ni son, ni couleur, ce qui existe avant toute chose, ce qui se renouvelle constamment, qui engendre le perpétuel écoulement des choses ; elle est ce qui apparaît dans les êtres éphémères et leurs personnalités transitoires, où le principe éternel vient se réfléchir.
Son écoulement perpétuel impressionnant et gigantesque n’est qu’une manifestation de ce rythme qui emplit l’immensité puisqu’il change, et absolu puisqu’il est éternel.

état de conscience – « deux destructions dans un puits de potentiel »
Parce que la vie y a évolué autrement, Ligeia diffère de la planète que nous connaissons.
Parce que l’évolution et la préservation de la vie y sont sensiblement plus difficiles que sur terre, la planète est parvenue à développer des capacités de survie pour protéger sa biomasse.
Elle est certes présente à l’état minéral mais elle est aussi organique, vibrante, ondulante, et douée de conscience. Elle n’est pas une masse inerte et morte, mais est assimilable à un organisme organisé et interdépendant.

état de conscience – « Brumes sur un équateur dormant »
Ce monde est-il le vrai ? Le nôtre est-il l’erreur ? Les combinaisons de formes qui naissent de ces chrysalides de haute énergie se dévorent entre elles, leurs systèmes en mouvement incessant, s’entrelaçant, se déformant, se disloquant et deviennent chaotiques, éjectant leur matière dans des explosions gazeuses.
Pendant le temps des temps, les systèmes telluriques se stabilisent ; de nombreux volcans irradient doucement des ténèbres puis meurent, et d’autres se multiplient petit à petit : les amas de matériaux primordiaux se dissolvent, se séparent à jamais.
Toute cette matière arrachée s’amalgame, se disperse en de grandioses arcs d’ou une multitude de bras spiralés se dissipe sous l’effet des courants magnétiques.

état de conscience – « Rien qu’un écho de l’infini »
Au-dessous de cette atmosphère étincelante que pas un orbe obscur n’ose aborder, mille routes partent en tous sens. La nature, floue et incertaine, passe en fuyant ce foyer de lumière , et les mondes avec leurs multitudes d’ habitants, insectes imperceptibles s’abîment dans d’invisibles bouches.

état de conscience – « Bifurcation vers le chaos »
Sur son écorce et probablement à une épaisseur considérable de son manteau, les constituants de la planète recèlent un complexe réseau sous forme d’ondes chimiques, électriques et électromagnétiques. Ils agissent en conducteurs, comme un fil qui relie les choses animées et les objets inanimés à l’expérience de l’existence.
La planète a organisé sa biosphère en un vaste super organisme réalisant l’autorégulation de ses composants pour favoriser la vie. Au cours des âges, elle a su façonner la composition de son atmosphère pour permettre le développement et le maintien de la vie.

état de conscience – « Paysage à fragmentations multiples »
La régulation climatique crée et fait interagir différents niveaux de régulation, corrélats biologiques, attracteurs non biologiques. Depuis les cellules élémentaires de la biosphère jusqu’au cadre global, l’écosystème planétaire de Ligeia ε Ori est vivant et doté d’une forme inconnue de conscience.
Si elle a préservé une forme de protoconscience, on ne peut concevoir ces termes comme ceux qui peuvent caractériser la conscience de l’espèce humaine ou celle d’une bactérie, mais plutôt comme une émergence de conscience d’organismes qui vivent en colonies. Ses mécanismes de cognition fonctionnent comme les réseaux de neurones des organismes multicellulaires : chacune de ces couches participe à la mécanique générale.
Sa biosphère globale constitue une propriété émergente de l’écosystème ; alors que chaque espèce poursuit son intérêt propre, la combinaison de leurs actions tend à contrebalancer les effets des perturbations environnementales produites par son étoile.

état de conscience – « un monde d’Expiations »
Ligéia se comporte comme un tout cohérent fonctionnant presque en boucle fermée qui a la faculté de réguler la température et la composition de sa surface pour la maintenir propice à l’existence des organismes vivants.
Le modèle Ligeia ε Ori, à l’instar de plusieurs dizaines de planètes, se compose de différentes dimensions en interaction : la lithosphère parcourue d’un réseau de veines de plasma, La biosphère qu’on peut représenter à l’image d’un système clos sur lui-même et tendant à l’autorégulation optimale, enfin une sphère de superconscience qui a progressivement évolué pour finir par envelopper et imprégner les deux autres dimensions , à la manière d’une atmosphère ou d’un cytoplasme constitué des activités cérébrales et mécaniques de mémorisation et de traitement de l’information de l’ensemble des êtres vivants qu’elle abrite.

état de conscience – « trois chemins de soleils »
Ligeia ε Ori possède trois couches d’évolution : la géosphère (matière inanimée) et la biosphère (la vie biologique) enfin la noosphère qui représente l’émergence de la cognition de la biosphère.
La « propriété émergente » de cette autorégulation stabilise son écologie, son climat et même ses cycles géochimiques, par la formation de nuages, les variations de composition chimique dans le mélange atmosphérique, et naît des multiples interactions des différents constituants du système concerné.
La protoconscience de Ligeia ε Ori parvient à jouer des capacités de sa mémoire collective et choisit de l’utiliser ou non en fonction de l’avantage que cela lui confère. Cette fonction lui permet d’anticiper ses actions grâce à ses capacités de mémorisation, de choisir le modèle le plus équilibré au développement des espèces et des formations gazeuses ou telluriques.

état de conscience – « L’immensité en nous »
L’incroyable chaleur qui régnait aux prémices de Ligeia ε Ori a permis l’émergence de la vie, via le rôle des organismes méthanogènes, premiers agents qu’elle a utilisés pour réguler la teneur de son atmosphère.
Les gaz de l’atmosphère ayant un lien étroit avec l’échange gazeux des organismes vivants, les premiers développements de la vie y ont ainsi connu des épisodes catastrophiques jusqu’à ce que certaines espèces survivantes bactériennes et virales parviennent à synthétiser grâce leurs enzymes le souffre et l’oxygène surabondants mais particulièrement hostiles pour le développement de la vie.
Les colonies formées par ces premiers habitants sont aussi parvenues à réguler le soufre, l’oxygène, puis le méthane et le dioxyde de carbone.
L’analyse de ces premières colonies de créatures vivantes révèle qu’un réseau de veines se forme entre les êtres vivants et la lithosphère à l’endroit même où ils fusionnent. C’est sans doute par ce biais que circule l’information

état de conscience – « Rien qu’un écho de l’infini »
Tandis qu’en un point de l’espace infini, sort d’un brouillard diffus un nouveau germe de monde, un autre organisme, en un point très éloigné, s’est déjà condensé en une masse d’une matière liquide et brûlante, animée d’un mouvement tourbillonnaire.
De l’Equateur un soleil puissant, dont les réverbérations sont entourés d’échos secondaires a déjà projeté des rayons qui se pelotonnent en formes mouvantes ; ainsi se répète éternellement dans le temps infini l’alternance périodique des ordres de substance.
Au milieu de tout cela, dans l’espace cosmique, des milliards d’aérolithes et de corps éthérés plus petits s’agitent en tous sens, sans lois apparentes, pareils à des vagabonds qui coupent l’orbite des plus grands et dont chaque jour une grande partie se précipitent dans ceux-là.
Ligeia ε Ori est comme la terre, mais a plus une échelle sensiblement plus forte, un système de réincarnation. La notion de « réincarnation », sur Ligeia ne s’apparente cependant pas aux notions d’engendrement d’individus défunts ou des doctrines de l’hérédité, de la transmigration et de la régénération. Toutes ces théories confuses ne recouvrent pas les phénomènes observables dans certaines régions.

état de conscience – « les quatre vivants »
Toutes les manifestations observées dans les différentes régions explorées de la planète indiquent une intention et une forme d’altérité. Par de multiples signes, non seulement le biotope a perçu ma présence mais bien plus a tenté de d’entrer en communication avec moi.
Je ne pouvais malheureusement constater que, contrairement aux autres habitants dont les espèces avaient incubé puis évolué dans une conscience collective avec elle, mon esprit ne parvenait pas à comprendre le sens de ces expressions.

état de conscience – « systèmes dynamiques à un attracteur »
J’ai observé ces signaux quasiment en permanence, qui traduisaient par de multiples moyens une volonté intelligente de communiquer. J’avais beau tenter de donner une intelligence aux signes que je recevais, je ne parvenais tout au plus qu’à les symboliser, à les couvrir par d’autres signes, sans espoir d’en fixer l’interprétation.
Trop étranger à cet environnement, exclu de cette symbiose planétaire, il ne m’a pas été donné de me rendre intelligible à celle-ci.
Je suis conduit à penser que la réincarnation produit ces effets dans tous les lieux où elle se forme, ce qui explique par ailleurs le sentiment d’étrangeté au monde des humains sur Terre : nous pourrons explorer les confins des mondes, explorer les nébuleuses et les galaxies, habiter toutes les exoplanètes du système stellaire, nous ne serons jamais chez nous nulle part dans l’Univers.

état de conscience – « Harmonies du vent et de la lune »
Le mal existentiel qui ronge l’humanité et son angoisse existentielle tient en ce constat : nous avons tous, en nous, le même nombre de morts. Ce qui nous différencie du monde ce n‘est pas, le nombre ou la qualité de nos atomes mais l’expérience de nos morts. C’est pourquoi toute explication que nous donnons de ce qui nous entoure doit s’interroger toujours sur son degré de réalité.
L’oubli, l’effacement total est bien plus inexplicable que la survie. La mort ne peut être l’anéantissement de quelque chose ; si l’anéantissement de quoique ce soit était possible, alors l’Univers n’existerait plus ou plutôt n’aurait jamais existé.

état de conscience – « entropie d’une source d’incarnation »
L’idée que l’on se fait de la réincarnation est inséparable de la vision du monde que l’on possède déjà. Nous sommes les seuls dans l’Univers à revendiquer notre immortalité.
Paradoxalement nous sommes les seuls à penser que nous allons mourir. La question ne se pose pas au sein du vivant.
A cet instant sur Terre nous tentons de satisfaire cette angoisse par le clonage ou le téléchargement du cerveau. Dans les siècles passés nous avons essayé la médiation des religions comme tentatives constantes pour expliquer l’inexplicable , de formuler des hypothèses toujours renouvelées et modalisées.

état de conscience – « succession de bifurcations sur la glace subtile »
Le nuage nait de la montagne ; la vapeur jaillit des pierres ; le souffle de leur respiration.
Les pierres groupées ensemble sont liées l’une à l’autre par cette vie mystérieuse. La pierre vit, au même titre qu’un être humain ou un animal. Un esprit l’anime et révèle la présence de l’un des principes essentiels de l’un.
Les gros rochers au pied de la montagne, les petites pierres au pied d’une grosse, proviennent de sa masse. C’est la planète qui se délite sous l’influence des cyclones et qui laisse tomber ses ruines autour d’elles.
Chaque pierre reste imprégnée de cette essence mystérieuse qui révèle une âme sous-jacente. Cette source irréductible pour le plus petit gravier, la plus infime particule, c’est l’unité de leur origine, celle qui fait qu’elles dérivent d’un ancêtre commun, qu’elles forment un sang.
Il en est ainsi de la constance, de l’énergie et de la longévité. Les cimes solitaires des montagnes sont des géants pétrifiés mais rendus immortels.
La montagne et la pierre ne sont pas des choses inertes : elles se meuvent d’une vie cachée. La roche montagneuse est traversée par des veines parmi lesquelles circule la substance primordiale. La source suintant à travers les pierres, la cascade et le torrent, est à la montagne ce que le sang est à l’homme. Elle circule parmi les roches, l’imprègne de son essence.

état de conscience – « résonances harmoniques dans un condensat de matière »
Nous sommes aussi immortels, aussi éternels que l’Univers. Chaque molécule, chaque cellule, de notre corps, chaque fluide ou chaque onde de notre intelligence existe depuis toujours, existera toujours.
Bien plus, je vous affirme qu’aucun jour aucune heure de notre existence survit dans l’Univers : le fait d’avoir vécu, de quelque façon que ce soit ,y laisse une trace. Un Jour, dans l’éternité une onde errante la révélera et la fera vibrer à l’unisson d’un inconnu qui deviendra alors le très connu

état de conscience – « tout ce qu’il a vu et aimé »
L’ensemble du système géologique et biologique de Ligeia se régule via un complexe réseau d’interactions et de rétroactions et multitude de paramètres chimiques.
La planète s’est maintenue en homéostasie en dépit d’une augmentation considérable de la luminosité d’Alnihan, l’autre nom d’Epsilon Orionis, depuis sa formation. On peut restituer précisément le lent développement d’une intention stabilisatrice de la part de l’écosphère et ce tout au long de l’histoire de la planète.
Le phénomène le plus important de cette autorégulation est obtenu par un effet conjugué des rayonnements stellaires renvoyés de la biosphère vers l’atmosphère, et par des modifications nuageuses locales que suscite l’ionosphère de la planète.
Cette autorégulation de son climat et la chimie de son atmosphère tend à maintenir la température constante lorsque la luminosité céleste varie. Elle sert d’agent homéostatique : si les conditions du vivant sont aussi régulées par les organismes vivants dans le but d’optimiser leurs reproductions, c’est la superconscience globale qui a eu un rôle fondamental dans la formation de la composition de l’atmosphère, sa température et sa chimie.

état de conscience – « Origine des âges du monde »
La planète est loin d’être un paradis. La sélection naturelle des espèces a aussi une part sombre. Dépourvue d’empathie pour les êtres qui lui sont reliés, elle n’hésite pas à les sacrifier lorsque les conditions sont défavorables. Le réseau des veines plasmiques, cytoplasmiques et chimiques transportent alors des messages sous forme de signaux électriques qui conduisent à la destruction de foules d’individus par autodestruction sous forme d’épidémies ou de suicides collectifs.
La Terre a d’ailleurs connu ce type de situation a plusieurs reprises durant son histoire à l’occasion des extinctions massives des espèces.
Mais si elle est plus fréquente que sur terre, cette régulation est moins destructrice, elle vise seulement à sélectionner les populations d’êtres vivants en fonction de l’intérêt commun du système.
La prolifération d’une seule espèce au détriment des autres peut être un facteur endogène d’extinction, cela a permis à la planète d’éviter les phases d’extinction de masse décrites dans le développement de la Terre.

état de conscience – « paysage de destinées »
Les contraintes physiques de la planète imposées par la magnitude variable d’Epsilon Orionis ont un effet sur la croissance du vivant et déterminent le rapport entre cette croissance, la température, et la répartition de la vie. Le maintien d’une composition chimique stable est aussi important.
Le mécanisme de régulation possède donc deux faces complémentaires et indissociables : d’une part l’évolution géophysique et d’autre part l’évolution biologique. La régulation est ainsi le fruit de cette double évolution, ou « éco évolution ».

état de conscience – « cascade d’immensités secrètes »
Ligeia ε Ori ne possède aucun cerveau localisé : la superconscience totalement distribuée est délocalisée, sans contrôle externe, ou mécanisme de coordination central.
La conscience collective, telle qu’elle semble opérer chez des collectifs d’animaux sur Terre, présente sur la planète de fortes similarités avec ce qu’on sait des processus neuronaux des organismes terrestres.
Chacune de ses caractéristiques anatomiques, physiologiques ou comportementales semble l’éloigner de nos représentations du vivant. Son matériel génétique est contenu dans des milliers de noyaux.

état de conscience – « Brumes sur un équateur dormant »
Ligeia ε Ori est résiliente. Elle peut faire entrer en dormance la totalité de sa biosphère si les conditions extérieures lui sont défavorables (comme au plus extrême de l’aphélie de son orbite) ou décider de se reproduire par formation de spores qui s’échappent au premier coup de vent.
Lors des périodes ou les conditions sont plus favorables, la planète est capable de constituer des réseaux biologiques performants par le biais de prolongements cytoplasmiques ou d’autres formes de projections cellulaires.
Pour ce faire, elle connecte par des ponts électromagnétiques, chimiques ou électriques des attracteurs/récepteurs de l’ensemble lithosphere/biosphére , afin de couvrir l’ensemble des régions avec une perte minimale d’énergie et en réduisant la longueur totale du réseau.

« transitions vers le chaos »
Bien que n’ayant pas de cerveau ni système nerveux central, Ligeia ε Ori est dotée de certaines capacités d’apprentissage par le biais des milliards de répliques de son noyau dans sa biosphère.
Alors que le problème de sa survie au sein du système d’Epsilon Orionis nécessiterait des capacités complexes d’abstraction pour un être humain, la planète résout ses problématiques de façon simple : en faisant varier les échanges gazeux et magnéto chimiques au sein d’un réseau dense de veines protoplasmiques qui assurent la distribution de l’information et des échanges chimiques au sein des nombreux noyaux de protoconscience disséminés jusqu’au sein des formations rocheuses.
A chaque défi posé par son environnement, Ligeia ε Ori trouve ainsi des solutions relativement élémentaires. Capable de mémorisation, elle peut même transmettre son apprentissage à chaque organisme qu’elle abrite parce qu’elle fusionne avec lui.

« l’infini voit, veille, surveille, attend »
Ligeia parvient à jouer des capacités de sa conscience collective et choisit de l’utiliser ou non en fonction de l’avantage que cela lui confère.
Cette fonction lui permet d’anticiper ses actions, de choisir le modèle le plus équilibré au développement des espèces et des formations gazeuses ou telluriques.

« trajectoire de migration des roches »
La faible gravité de la planète facilite la construction de squelettes telluriques ou de superstructures cytoplasmiques à des hauteurs vertigineuses.
Cette faible gravité aurait du conduire l’atmosphère à s’évaporer rapidement dans le ciel, si la superconscience n’était pas parvenue à créer et entretenir des champs magnétiques protecteurs.

« Écoute- seul le grand silence écoute »
Les lunes refroidies, éloignées l’un de l’autre, peut-être déjà congelées, se précipitent vers leurs planètes et celles-ci dans leurs soleils. Leurs débris s’entrechoquent avec une force inouïe et s’éparpillent en poussière, formant une masse nébuleuse.
Si les conditions environnementales entraînent la dessiccation des régions les plus exposées à la magnitude de l’astre central, il se forme dans les organismes vivants, une sorte de membrane constituée de tissus très renforcés , assurant une protection des organismes dessiqués pendant les très longues périodes de la phase de dormance de sa biosphère .
Une fois les conditions favorables revenues, la membrane se dissout et la biosphère se développe pour poursuivre sa quête de d’extension vitale.

expérience de pensée – « Le chemin du bord de l’eau »
Le déplacement de certaines espèces se produit par des courants cytoplasmiques internes. Les mouvements de contraction consécutifs à la pellicule de l’enveloppe externe des créatures permettent une utilisation optimale des courants atmosphériques qui sont assez puissants à l’intérieur des superstructures.
La force motrice est générée par la contraction suivie de la relaxation de couches membraneuses probablement constituées de membranes protoplasmiques du type de filaments qui se contractent pour chasser ou aspirer les gaz extérieurs a la manière des méduses sur la Terre.

expérience de pensée – « aux sources de la pensée »
La plupart des espèces entrent en fusion avec leur environnement lygéen durant de longues périodes. Ces phases de développement leur permettent de faciliter physiquement les transferts d’information et d’alimenter la superconscience planétaire.
Des veines se forment avec le milieu dans lequel ces créatures fusionnent et c’est sans doute par ce biais que circule l’information.

expérience de pensée – « dix mille lunes »
L’espace est tendu à perte de vue, se brisant sur les écueils des fumeroles. De longues et hautes ondulations ouvrent dans leurs ravines chancelantes des échappées de vue sur les déserts vacillants.
L’espace est étriqué, borné et sans relief mais une bouffée de vent suffit à déchirer son voile, et lorsqu’une vague vient y creuser une saillie, alors une hyperbole translucide se créé et révèle toute l’étendue, surtout si une brume, rampant à la surface, parvient à ouvrir une fenêtre sur l’immensité même.
Dans cet espace chaotique, hybride, les brumes se dissipent et se confrontent, la démesure corrompt la mesure, le contact de l’infini prépare sa propre finitude. C’est le paysage qui révèle ce que la tombe doit au berceau et le berceau à la tombe.
La superconscience de Ligeia ε Ori se façonne au sein les organismes dotés de sens et de foyers sensoriels.
Il est vraisemblable que ces foyers sensoriels prennent leur source dans la totalité de l’Univers. Il est aussi possible que ce même phénomène soit en œuvre sur la Terre, que rien ne se perde et que toute la connaissance que nous acculons dans cette vie s’engrange quelque part, dans une réserve in‑localisable où puiseront nos futures vies, nos descendants ou d’autres mondes, ou bien la conscience de l’Univers.
En extrapolant ces deux situations à l’Univers, il en résulterait que tout ce que l’humanité cherche, tout ce qu’elle trouvera, existe déjà autour de nous dans ces pensées même si elles paraissent inconsistantes forment peut-être le matériau d’une pensée Universelle.
Ainsi tout ce que vous êtes en ce moment n’est fait que de ce que vous avez déjà pensé : il est possible qu’à force de poser des questions inutiles et sans espoir, quelqu’un d’ici-bas, de là-haut ou de tout autour, finisse par donner une réponse.


expérience de pensée – « deux vues successives d’une faille organique »
Sur la Terre comme sur Ligeia ε Ori, le monde empirique est un Univers d’énergies et d’ondes. Toute excursion dans le monde matériel s’interprète d’abord comme un voyage dans un monde mathématique.
L’Univers entier s’associe aux morphologies de type fractal. Se déplacer dans ce continuum quadridimensionnel dont on mesure les distances en espace-temps, c’est explorer des paradoxes étonnants qui y apparaissent.
Si bien que l’on ne sait plus si l’on explore un espace d’abstraction mathématique ou physique naturel, tant les deux sont imbriqués. Pour explorer et décrire le second nous ne pouvons faire autrement que de nous référer au premier.

expérience de pensée – « dix mille ans comme un jour »
Si nous explorons un univers mathématique assez riche, il peut se faire que nous explorions, sans le savoir, un univers empirique possible ; un univers seulement possible mais non réalisé en acte ou, possible et actualisé, cependant non encore découvert.
On pourrait même faire la conjecture que toute l’exploration empirique de l’espace des réalités naturelles débouche sur celle d’un univers mathématique riche de symétries, d’invariants, de constantes.

expérience de pensée – « Des objets dans la nuit »
Parce que nous sommes finis, nous ne pouvons concevoir l’infini. Parce que nous sommes vivants, voulons que la mort n’existe pas. Il est vrai que nous avons sous les yeux toutes les preuves. L’espace et l’éternité nous le démontrent à chaque instant. Pouvons-nous imaginer un commencement ? Aux réponses de la science comme le Big Bang, toute votre pensée ne conçoit qu’une autre question : « oui, mais avant ?
Avant, il y avait encore le temps : ce n’est pas le temps mais les hommes qui passent. Nous n’existons que par lui. Il n’y a rien avant la destinée, il n’y a aucun but imaginable, aucune genèse primordiale concevable.
L’espace et l’éternité démontrent à chaque instant qu’il n’y a jamais eu de commencement à l’Univers : il n’existe que le temps, sous la forme de la Conscience universelle qui a créé tout l’Univers observable.
Ce n’est pas le temps mais les hommes qui passent. Nous n’existons que par lui. Il n’y a rien avant la destinée, Il n’y a aucun but imaginable, aucune genèse primordiale concevable.

expérience de pensée – « Toutes les formes que peut prendre la conscience »
La plupart des créatures ne vivent pas autrement que sous forme de colonie d’individus. L’essentiel de la biomasse est constitué sous forme de sociétés symbiotiques en interaction avec la totalité de la planète.
Ensemble, ils forment un organisme complexe et autonome. Chacun des individus joue un rôle spécifique pour contribuer à son bon fonctionnement et est incapable de survivre seul.
On trouve ce genre de disposition sur Terre dans certains super organismes qui vont des fourmis aux Bryozoaires. Mais ils restent des individus autonomes bien que leur conscience soit rattachée à une superconscience collective.

expérience de pensée – « synchronisation d’énergies dans un vide disponible »
Pour une singulière partie de la biosphère d’autres super organismes réussis à dériver certains des attributs des individus en spécialités adaptées aux conditions de développement.
Sur Ligeia ε Ori, les fonctions des individus peuvent devenir très spécialisées, certaines créatures sécrètent par exemple un mélange gazeux ou des molécules particulières qui permettent à leur organisme tout entier de flotter.
La plupart des individus sont cependant capables de produire une matière carbonatée qui constitue l’épiderme de leurs voisins. Ces organismes ont su développer des morphologies et des compétences particulières par le moyen de membranes ou de ligament communs : c’est par le moyen d’échanges moléculaires qu’ils parviennent à communiquer entre eux.
D’autres, contribuent au déplacement de l’organisme sous forme de propulsion par jet. Enfin d’autres, les unités nourricières ont des taches nourricières, protectrices. Les chasseurs possèdent un filament pêcheur urticant ou reproducteur qui lâche des cellules ovulaires sur les substrats.

expérience de pensée – « embrasements périodiques des éclipses »
L’avenir est au plus haut point du ciel : on voit çà et là, dans de grands intervalles lessivés de nuages, scintiller de grands monolithes d’argent. Les crêtes reposent sur un chaos de nuages, qui se défend contre la trajectoire de grands blocs en lévitation ; peu à peu les brouillards s’allongent, se déroulent en rubans diaphanes et onduleux de turbulences blanches, ou se transforment en légères toisons d’écume.
Partout se forment de grands bancs d’un granite éblouissant de blancheur, tout brillant des constellations de la nuit.
De l’autre côté, la voûte aérienne s’effondre sur un rivage où l’on distingue les rides parallèles tracées comme par le flux et le reflux régulier du grand courant de la substance première. Au loin, par intervalle, on voit les soubresauts hoquetant d’une aube sur Epsilon Orionis
Sur une mer d’innombrable cohorte des morts et d’immobile lumière, tout est silence et repos, hors le son sourd de la chute des âmes qui s’y trouvent engloutie, le souffle brusque d’une mémoire qui se souvient, les gémissements brisés de l’Etre en train de se dissoudre.

expérience de pensée – « tous les éblouissements »
Le super-organisme prend des formes très variées mais propres à chaque espèce, ce qui permet de les identifier. Mais selon les zones qu’il a colonisées, ces créatures peuvent engendrer des formes différentes plus adaptées à leur milieu.
Ils sont capables, par le biais de la conscience collective de la planète de créer des courants d’air pour assurer le déplacement, la nutrition et la respiration à travers les tissus, mais aussi le nettoyage et la dispersion des œufs ou des spores.
Ces individus sont à la fois connectés à tous leurs congénères et à la planète, depuis des ganglions cérébroïdes, par des réseaux magnéto chimiques qui passent de l’un à l’autre par leurs cellules communes.
Le principal mode de reproduction des superorganismes passe par des bourgeonnements de type fractal. Chaque nouveau bourgeon, doté des caractéristiques de l’organisme tout entier assurer la pérennité de l’espèce. Cette méthode assure également la prolifération et l’extension de la colonie, de même que la survie des fragments qui se brisent.

expérience de pensée – « rayonnement Universel des ondes de conscience »
L’ingénierie de cette organisation globale obéit à la loi de l’agrégation des protoconsciences et de la distribution de la conscience globale.
L’intelligence commune est distribuée dans tout l’organisme et coordonnée instantanément en temps réel. Elle assure la mobilisation effective des compétences pour assurer un équilibre entre le global et le local, les individus apportant chacun leur savoir spécialiser, tiré d’une connaissance intime d’un aspect du problème à résoudre.
La qualité des interactions entre les membres leur permet de percevoir leur environnement commun, bien qu’ils n’aient pas conscience individuellement, et de sélectionner des éléments pertinents par rapport aux réactions de la totalité de l’organisme.

expérience de pensée – « particules porteuses de protoconscience »
A l’image de Ligeia ε Ori, les différents agents n’ont pas la conscience globale des tâches complexes de la survie ou des solutions d’adaptation aux bouleversements du milieu.
Le paradigme de l’émergence de ces adaptations repose sur la conscience planétaire dont le but est de maximiser l’efficacité cognitive de la biosphère, par exemple en structurant les échanges interpersonnels, en optimisant la composition du groupe ou en utilisant des supports électromagnétiques et chimiques pour faciliter les échanges.

expérience de pensée – « un espace de phases et de réalisations potentielles »
Alors que la connaissance des membres d’une communauté est limitée en l’absence de structure de décision centralisée, l’intelligence collective des systèmes de la biosphère repose sans doute la formation de boucles d’apprentissage ou de formes d’organisation synthétisées aussi bien à l’extérieur de l’individu que des super organismes, projetés dans la protoconscience planétaire.
L’intelligence ne parait plus située dans le seul esprit des individus isolés mais apparait en lien à leur capacité d’échanger pour mieux définir des problèmes et y chercher collectivement des solutions.

expérience de pensée – « région inconnue des fréquences »
Ce mode d’ingénierie de la pensée a su préserver la planète en la faisant échapper aux limites cognitives des cerveaux indépendants puisque l’intuition collective a amèné les meilleurs choix : c’est ainsi que la planète a su approfondir sa résilience pour faire face aux bouleversements des conditions de vie lors des variations de son axe et de son ellipse.

« Qu’importe où je serai, si je suis toujours le même « Milton, Le paradis perdu Liv. III
« développement progessif de l’intelligence dans le vivant »
Les architectures organiques qui forment les cavernes se pourchassent, se modifient lentement, aléatoirement et continuellement. La substance infinie de l’Univers, la somme de sa matière et de son énergie demeurent éternellement invariable, la grotte devient incandescente et le vieux jeu recommence à nouveau.

« Neurones miroirs au sein de la conscience Universelle »
Du Vide qui n’est pas un néant suprême émane la Substance primordiale ; de cette dernière sont engendrés les ondes Vitales qui constituent l’Univers dynamique et sans cesse en devenir, qui par leur interaction en d’infinies combinaisons inspirent les myriades de myriades d’êtres.
Sur la toile vide le premier trait organise des épiphanies des formes mais par la mise en abime qu’il exerce, seul le regard du spectateur au sein du paysage permet à toutes choses créées de s’accomplir.

« bifurcations d’une fonction de genèse »
Le Vide anime, sous la profusion des représentations, tout l’Univers.
Le Vide n’est pas le néant : saturé d’ondes, de particules virtuelles ou non, il est, comme l’avait compris il y a vingt-cinq siècles le taoïsme le Souffle primordial :
C’est seulement à travers lui que la représentation mentale de toute représentation picturale peut se concevoir. Il irrigue, traverse et imprègne le courant d’interaction qui rapproche ou oppose les différentes formes peintes.

« retour sur soi-même »
Les vapeurs et nuées nées de la condensation de l’eau, donnent l’impression que les grandes structures telluriques sont aspirées par le Vide et le paysage devient un état intermédiaire entre les pôles apparemment antinomiques de la matière robuste et de l’éther subtil.
Notre regard ne nous livre jamais qu’une vision incomplète des choses : la présence de la matière est impalpable et l’invisible devient plus accessible.

« au milieu des milliards de siècles »
Tout passe, tout se meut, tout est éphémère et tout se fragmente : les promontoires, les gouffres les montagnes elles-mêmes n’ont pas de forme fixe. Les proportions, les équilibres les contrastes de ces lieux éphémères ne peuvent être envisagés que par l’esprit du spectateur, et non son seul regard.
C’est pourquoi les règles de la perspective s’en trouvent bouleversées et enrichies. La conception d’un espace scindé en microcosmes, présentant des éléments indépendants à l’intérieur d’un tout, une géomancie, qui fait rechercher dans un site l’harmonie des éléments terrestres et les valeurs d’éternité et d’harmonie du cosmos.
Les objets et le paysage dans son ensemble sont parcourus des veines profondes et des lignes internes de la substance Universelle que la perception humaine ne peut capter
Comme pour les calligraphies chinoises, toute ligne est un axe du monde.

« chambre des chrysalides de potentiels »
Ce poème contient les fondements de l’Univers : l’émergence de la conscience et de l’Univers et la nécessité d’un observateur : « le cerveau est plus grand que le ciel, mettez les cote a cote l’un contient l’autre sans problème et vous en plus « Émilie Dickinson : poème XLIII

« chasseurs dans les montagnes »

« grande caverne aux agonisants »

« destruction des nacelles »
à suivre…